La petite chronique de Damien #5 : Handisens ? Mais qu'est-ce que c'est ?! (Partie 1)

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A l'occasion de la reprise du groupe de parole Handisens (dont le sujet est la sexualité des personnes en situation de handicap), le mardi 7 Novembre 2017. Je souhaite vous apporter quelques éclaircissements sur ce groupe mensuel et ses objectifs. J'étais moi même mal informé sur la forme et le fond, j'ai pu ainsi découvrir Handisens tout comme vous !

Sa créatrice, Elodie Favand, a accepté de répondre à quelques questions et prendre part à un échange riche en illuminations !

Bonjour Elodie. Peux tu commencer par te présenter ?

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Bonjour, je m'appelle Elodie Favand. J'ai 24 ans. Je suis actuellement une formation en Master 2 Psychologie clinique et Phénoménologie du sportif et des problématiques corporelles à l'université Paul Valéry à Montpellier. Dans le même temps, le premier D.U. Handicap et Sexualité a été crée à Toulouse. J'y suis également formée.

J'ai eu l'occasion aussi de suivre différents stages durant mes études. Actuellement, je suis Psychologue stagiaire au lycée Victor Hugo à Lunel ainsi qu'à la Fédération Française des Aveugles. J'ai eu également la chance de suivre une formation en sexologie libérale.

 Et bien ! On peut dire que tu acquiers une formation solide ! Pourquoi t'es tu tournée vers la sexualité dans le handicap ?

 Pour deux raisons. D'abord, j'ai pu travailler chaque été depuis mes 18 ans dans un centre de vacances pour handicapés mentaux. Le sexe y a toujours été tabou. Je me suis toujours demandé pourquoi.

Ensuite, un ami proche a été accidenté. Il avait perdu l'usage de la marche. Il était un vrai dragueur, la question du sexe lui était primordiale. C'est un sujet qu'on tournait souvent en dérision mais qui restait une vraie question. Aujourd'hui, il marche à l'aide d'une canne mais reste hors norme.

De manière générale, je m'intéresse à l'impact qu'a le manque de sexe sur les mécanismes psychologiques de ces personnes. Il existe beaucoup d'écrits sur la sexualité en centre chez les personnes handicapées, comme un côté descriptif et pratique. Mais rarement, le fond du problème est traité, je souhaite combler ce manque.

 Tout cela annonce plein de promesses ! Peux tu nous expliquer ce qu'est Handisens ?

 La genèse du projet débute en 3ème année de licence. Il n'a pu réellement se développer qu'en 1ère année de Master. Je possédais un travail d'été en foyer, où mon stage était censé se passer. Je me suis essayé à divers ateliers sur les sens avec les personnes handicapées. Cela m'a inspiré. Mais au dernier moment, ils ont changé d'avis, sûrement à cause de mon état d'esprit envers le handicap. J'ai dû trouver un stage en urgence. La délégation APF de l'Hérault m'a acceptée.

Au fil des conversations, le projet a interpellé les dirigeants comme Emmanuel Loustalot et Christine Nofares. En Avril 2016, la première session d'Handisens a pu être lancée. Mon objectif premier est d'écouter les personnes au cœur du problème et d'obtenir une réelle vérité. Alors qu'aujourd'hui, on entend parler de sexe et de handicap sans savoir et sans être touché par la problématique. Mais les propos sont aussi plus généraux en remettant des bases de connaissance sur la sexualité. La 1ère séance a été une catastrophe due au stress, à cette nouvelle position de médiatrice-animatrice ainsi qu'à la fausse idée des gens sur Handisens. Certains avaient des idées arrêtées et ne possédaient pas leur place. Le fantasme de l'assistance sexuelle a un fort pouvoir sur la population handicapée. Au fil des séances, nous avons créé un groupe solide où humour et interrogations ont leur place.

Cette année, une nouveauté vient s'inclure dans Handisens : la mixité. Des personnes handicapées et valides sont invitées à nous rejoindre une fois par mois. Des accompagnants et assistants sexuels participaient l'année dernière. Le groupe est ouvert à des hommes et des femmes à partir de 18 ans. Il n'y a aucune nécessité de parler, chacun fonctionne différemment.

 Le petit projet de licence semble voler de ses propres ailes. Quels sont les différents types d'histoire que tu y entends ?

 J'entends bien d'histoires différentes mais elles possèdent des points communs au fond. Le recours à l'assistance sexuelle est un sujet récurrent. C'est une solution bien trop fantasmée chez la personne handicapée. Elle serait la source de leur réhumanisation. Mais elle ne peut être aussi satisfaisante.

L'accompagnement en milieu médical est souvent critiqué. L'aide apportée est toujours considérée comme un toucher technique, éloigné de tout sentiment. Elle peut mener à de la maltraitance dans bien des cas.

De manière générale, le manque cruel d'information sur la sexualité amène un déni voire un oubli de son existence chez la personne handicapée.

Tu entends tant d'histoires lors de ces ateliers. Comment gères tu tes émotions ?

 Je les prends et je les vis. C'est une problématique déjà centrale dans le métier de psychologue. On nous enseigne une certaine « neutralité bienveillante » mais dans la réalité de la pratique, on ne peut que s'en rapprocher le plus possible.

Bien évidemment, des histoires me touchent, me mettent en colère mais en session de groupe, je me dois de me tempérer.

 Suite au prochain épisode ici

 D'autre article de la petite chronique de Damien :  ici  

Damien

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